LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE DU BARON DESGENETTES À SA MAJESTÉ ALEXANDRE 1er, pour solliciter sa bienveillance, Wilna le 12 décembre 1812. 18906-51
Le Baron desGenettes sollicite la bienveillance de Sa Majesté Alexandre Ier au regard des soins qu'il a apportés depuis vingt ans aux soldats faits prisonniers de la France, car il vient de tomber au pouvoir de ses troupes.
Intéressante lettre, car à la suite de ce courrier Alexandre Ier le libérera (voir Biographie ci-dessous) et le fera raccompagner par ses gardes jusqu'aux avant-postes français.
« Wilna le 12 décembre 1812.
À S.M. Alexandre Ier Autocrate de toutes les Russies.
Sire,
Je suis tombé le 9 du courant au pouvoir des troupes de S.M.
Les soins que j'ai prodigués près de vingt ans aux soldats que le sort des armes a faits prisonniers de la France, me donnent quelques droits à la bienveillance de toutes les nations.
C'est à ces titres que j'ose réclamer la protection de S.M.
Je suis avec un profond respect, Sire,de S.M.
Le très humble et obéissant serviteur.
signé : Bon DesGenettes ».
H 27.4 cm x 20.8 cm.
État moyen. Texte en bon état, rousseurs, déchirures en bordures.
BIOGRAPHIE :
René-Nicolas Dufriche, baron Desgenettes, né le 23 mai 1762 à Alençon et mort le 3 février 1837 à Paris, est un médecin militaire français.
[...]
Le 6 avril 1807, ayant reçu de l’empereur l’ordre de rejoindre le grand quartier général, son fils unique mourant, il a cessé de lui donner des soins pour partir dans les vingt-quatre heures. En 1807, il est nommé médecin-chef de la Grande Armée mais manquera les batailles d’Eylau, de Friedland et de Wagram. Après la paix de Tilsitt, il demanda à rentrer dans la vie privée pour se consacrer tout entier à sa famille ; mais Napoléon Ier refusa de consentir à un tel sacrifice. Desgenettes quitta Berlin avec un congé, au mois de mai 1808 et revint à Paris, d’où il repartit au mois d’octobre pour accompagner l’Empereur en Espagne, où ce dernier avait jugé sa présence nécessaire.
Comblé de faveurs par l’Empereur en dépit de la liberté de ses propos et son indépendance d’esprit, il est fait chevalier en 1809, puis baron de l’Empire en 1810. Il fera partie de la campagne de Russie, où il organisera les soins de son mieux. Fait prisonnier à Vilna durant la retraite de Russie, le 10 décembre 1812, le seul énoncé de son nom lui vaudra la liberté. Le tsar Alexandre Ier le libérera en reconnaissance des soins qu’il a prodigués aux soldats russes et le fera raccompagner par sa garde de Cosaques jusqu’aux avant-postes français, à Magdebourg, le 20 mars 1813. Il en partit pour Paris, chargé d’une mission secrète du vice-roi auprès de Napoléon, s’en acquitta et repartit dans le courant d’avril pour aller reprendre ses fonctions de médecin-en-chef de la Grande Armée.
[...]
Pendant les Cent-Jours, il retrouve sa place de médecin en chef de la Garde impériale et assiste à la bataille de Waterloo. Il revient à Paris avec l’armée, Louis XVIII le maintient dans ses fonctions au Val-de-Grâce, le 1er juillet, et à la Faculté de médecine de Paris, où il est chargé de l’enseignement de l’Hygiène et réintégré au Conseil général de Santé des armées en 1819 (ancienne Inspection générale), pour ne cesser ses fonctions d’inspecteur général qu’en janvier 1816, à la suppression de ce titre.
Reçu membre de l’Académie royale de médecine, en 1820, il a été révoqué, en 1822, à la suite de manifestations étudiantes, avant d’être réintégré en 1830 et élu membre de l’Académie des sciences, sous la monarchie de Juillet. Un portrait de lui, réalisé en 1828 par Horace Vernet est conservé au musée du Service de santé des armées à l’abbaye du Val-de-Grâce.
Après la Révolution de 1830, le baron Desgenettes a été nommé, le 14 novembre, maire du 10e arrondissement de Paris, dont il a rempli les fonctions jusqu’aux élections municipales de 1834. Nommé, le 2 mars 1832, médecin en chef des Invalides.
Référence :
18906-51