FUSIL REMINGTON ROLLING BLOCK, modèle 1866, Guerre Franco-Prussienne. 32195
Parties métalliques en acier, monture en noyer, crosse droite sans protubérance dite « à l'anglaise » poinçonnée « A.O.B. », canon cylindrique, maintenu au fût au moyen d'une capucine, d'une grenadière et d'un embouchoir, hausse à curseur. Longueur du canon 88 cm.
Système dit « rolling block », à deux pièces mobiles, culasse et chien, verrouillage étant assuré par un épaulement du chien qui vient bloquer la culasse par dessous. Gravé sur la queue de culasse « REMINGTONS ILION N.Y. U.S.A. / PAT. MAY 3d NOV. 15th 1864 APRIL 17th 1866 ». Capucine, grenadière et anneau d'embouchoir, tous poinçonnés d'un « B ». Tir à percussion centrale, en calibre 11,43mm x50R, calibre dit « 43 Égyptien », appellation née du contrat passé par le Gouvernement Égyptien de cette époque à la firme Remington.
Cette cartouche étant alors à ce moment l'une des plus modernes au monde : cartouche métallique à percussion centrale.
Canon portant en extrémité un tenon pour baïonnette sur sa droite.
Baguette en acier.
Longueur totale du fusil 130 cm.
France.
Guerre Franco-Prussienne.
Très bon état, légère marbrure d'usage à nettoyer.
BIOGRAPHIE :
PROVENANCE :
Olivier-Marie-Mériadec Le Gonidec, comte de Traissan, né au château de La Baratière à Vitré le 24 février 1839 et mort à Paris le 18 janvier 1912, est un militaire et homme politique français Issu d'une famille aristocratique originaire du pays de Rennes. Fils d'Alfred Marie-Mériadec Le Gonidec de Traissan (1807-1889) et de Claire-Marie-Louise du Plessis d'Argentré, il se fait connaître de bonne heure par l'ardeur de ses sentiments royalistes et catholiques.
Il s'engage à Rome sous le matricule 55 le 29 mai 1860, rentré au service le 1er juin 1860 il est affecté aux Tirailleurs Franco-Belges, unité de volontaires formée pour défendre les États du Pape.
Nommé caporal aux zouaves pontificaux le 3 septembre 1860 (matricule 10). Il en gravit tous les grades : sergent le 1er janvier 1861 ; sous-lieutenant le 19 mars 1861 ; lieutenant le 11 août 1862 ; il est nommé capitaine le 1er janvier 1867.
Il prend part aux campagnes de Rome de 1860, 1867 et 1870, engagé aux batailles de Castelfidardo (18 septembre 1860), de Ponte-Correze, près Rome (28 janvier 1861) et de Mentana (3 novembre 1867) et au siège de Rome en 1870.
Délié du serment de fidélité au Saint-Siège le 20 septembre 1870.
Rentré en France au moment de la guerre franco-prussienne, campagne de 1870-1871, il rejoint les volontaires de l'Ouest qu'il intègre avec son grade de capitaine le 10 octobre 1870, nommé chef-de-bataillon le 16 octobre 1870. Au cours de la Guerre franco-allemande de 1870, il s'engage dans la Légion des Volontaires de l'Ouest et il fait la campagne de la Loire dans le corps de Charette. Il prend part aux combats de Cercottes (Loiret), le 10 octobre, de Brou (Eure-et-Loir) le 25 novembre et de Loigny (Eure-et-Loir) le 2 décembre 1870.
Revenu à la vie civile, il continue à entretenir des relations étroites avec les milieux monarchistes et les anciens zouaves pontificaux.
Conseiller municipal de Vitré, il se présente, comme candidat monarchiste, aux élections législatives de 1876, et il est élu, le 5 mars, au second tour de scrutin, député d'Ille-et-Vilaine, par 9 997 voix (14 803 votants, 19 692 inscrits), contre 4 841 à M. de Montluc.
Il prend place à l'extrême droite, fut l'un des secrétaires de la Chambre, vota constamment avec la minorité, et soutint, contre les 363, le gouvernement du Seize-mai. Réélu, le 14 octobre 1877, par 13 022 voix (17 316 votants, 20 391 inscrits), contre 4 237 à M. de Montluc, il suit la même politique que précédemment, se prononce contre les invalidations des députés de la droite, contre le ministère Dufaure, contre l'article 7, contre les lois Ferry sur l'enseignement, contre l'amnistie, etc., et obtient encore sa réélection, dans la même circonscription, aux élections du 21 août 1881, avec 10 319 voix (15 555 votants, 20 350 inscrits) contre 5 142 à Ragot.
Adversaire de tous les cabinets qui se succédèrent au pouvoir pendant la législature, il opina contre les crédits de l'expédition du Tonkin. Aux élections du 4 octobre 1885, porté sur la liste conservatrice d'Ille-et-Vilaine, il échoua avec 59 414 voix, mais retrouva son siège le 22 septembre 1889, qu'il conserva jusqu'à son décès, survenu en 1912. Il conserva sa place dans l'opposition anti-républicaine.
À la mort du général baron de Charette survenue le 9 octobre 1911, le comte Olivier Le Gonidec de Tressan est devenu chef de l'ancien régiment des Zouaves
pontificaux le 2 décembre 1911. Châtelain de La Baratière, il est mort à Paris le 18 janvier 1912 et inhumé à Vitré.
Distinctions
Chevalier de l'ordre de Pie IX.
médaille de Castelfidardo « Pro Petri sede ».
Croix de Mentana « Fidei et Virtute ».
Médaille pontificale « Bene Merenti ».
Chevalier de la Légion d'honneur Chevalier de la Légion d'honneur (29 juillet 1871).
Le frère d'Olivier, Paul Le Gonidec de Traissan (1840-1888) poursuit lui aussi une brillante carrière dans les zouaves, démobilisé chef de bataillon en 1870 et fait chevalier de la Légion d'honneur. Leur cousin germain Frédéric, lui aussi zouave, garde quant à lui des relations privilégiées avec le général Athanase de Charette et est fait comte romain par le Pape.
NOTE :
Après la défaite des armées françaises et la prise par la Prusse de la plupart des armes de l'armée chassepot et canons notamment, le Gouvernement de la Défense Nationale décide de poursuivre la guerre afin de repousser les Prussiens.
Il est alors décidé d'acheter à l'étranger des fusils, parmi les lots d'armes qui arrivent en France, 60.000 fusils Remington Model 1867 calibre 43, armes désignées comme « fusils Égyptiens », lot faisant partie d'un lot acheté par l'Égypte, mais non payés…
Les Remington « égyptiens » équiperont notamment les bataillons de mobiles de la seconde Armée de la Loire du Général Chanzy ainsi que le Régiment des Zouaves Pontificaux qui s’illustreront à de nombreuses reprises sous l'appellation des Volontaires de l'Ouest sous les ordres du Colonel de Charette.
LES REMINGTON PONTIFICAUX MODÈLE 1868.
Article de Piero Crociani et Massimo Fiorentino, Tradition Hors Série n° 13
Le système d'armes conçu par E.Remington et produit à l'échelle internationale sous son brevet, est bien connu des amateurs d'armes.
Néanmoins, au sein de les 16.000 armes sein de cette vaste famille, Pontificale sont restées longtemps quasiment sen service dans l'Armée Ignorées.
En 1976, le spécialiste italien Alfredo Bartocci a publié, sur "Armi Antiche", Bulletin de l'Accademia S.Marciano de Turin, une étude très documentée analysant Thistorique des Remington pontificaux et leurs caractéristiques. Nous en avons extrait quelques quelques informations et images, parmi lesquelles planches de Luciano Salvatici. Que l'un et l'autre soient ici remerciés.
En août 1866, Rome avait sollicité au prés du Comité Central Belge l'envoi d'un lot de 2.000 armes "à aiguille" (style Chassepot) afin de moderniser l'armement des troupes de plus en plus confrontées à un enjeux de qualité faute de pouvoir miser sur la quantité. Le comité belge, par l'intermédiaire du Comte de Villermont, se dit d'accord à condition que les armes fussent destinées aux seuls Zouaves.
En fait, retards et dissensions se cumulèrent et ce ne fut qu'en septembre 1867, qu'Émile et Léon Nagant, à Liège, reçurent une commande dudit comité pour la fourniture de 2.000 Chassepot.
Toutefois, à Rome, quelques doutes subistaient quant aux qualités de cette arme q lisait des cartouches en papier au lieu des plus modernes cartouches métalliques. général Kanzler, en particulier, se fit le par sans d'un choix plus innovant, à savoir le Remington qui, lui, associait le chargement par la culasse à la cartouche métallique assurant ainsi une grande célérité de tir.
Sur ces bases, bien que déjà en cours de production, la commande des 2.000 Chassepot fut annulée et remplacée par un ordre de construction, sous brevet et Remington, de 5.000 fusils d'infanterie. Les frères Nagant acceptèrent le marché, en refusant me faire dédommager comme le comité belge proposait ! Les premiers Remington-Nagant le proposait arrivèrent à Rome même de Rome le 25 septembre 1868. 5.000 autres fusils Remington Entre-temps, 5.000 a commandés par les d'infanterie avaient été commandés par les catholiques français à la firme Westley Richard de Birmingham. Début 1858, à une date inconnue les Remington de fabrication britannique furent livrés à Rome, leur qualité s'avéra alors tellement défectueuse que l'on fit détacher 8 armuriers... de Belgique pour les remettre en état de fonctionnement. Dans l'attente, leur réception et immatriculation furent reportées : en fait, elles n'eurent lieu qu'après celles des premiers 5.000 Remington-Nagant, c'est à dire en octobre1868 ! Bien entendu, Westley Richard ne reçut plus de commandes "romaines"…
Dés lors le Remington entrait officiellement en service dans l'Armée Pontificale sous la dénomination de "fusil modèle 1868", il était A ce titre présenté au Pontife par une compagnie de Zouaves lors d'une cérémonie qui eut 19 novembre, dans la Cour du Belvedere, au Vatican, au milieu d'autres armes achetées grâce aux fonds catholiques. En décembre alors que d'autres Remington d'infanterie étaient commandés aux frères Nagant pour les Carabiniers Étrangers, les fusils anglais étaient retirés du service actif pour armer les unités auxiliaires Quant aux munitions, là encore, après une commande initiale en Angleterre (... ensuite annulée), ce fut la Belgique qui remporta marché après deux essais très concluants.Bien entendu, le comité beige régla la facture concernant quelques deux millions de cartouches.
En conclusion, sur la base des documents de fourniture et des inventaires des salles d'armes romaines, ainsi que l'examen de certains exemplaires, il est démontré que :
- 5.000 fusils d'infanterie de fabrication anglaise furent payés par les catholiques français ;
- 8.600 fusils d'infanterie parvinrent des ateliers Nagant de Belgique (matricule précédé par les lettres Fl) et furent payés par les comités belge et allemand, ou bien par d'autres comités mineurs, ou enfin directement par le Vatican ;
- 2.004 carabines de gendarmerie (matricule précédé par MG), standard ou série de luxe (pour la Maison Militaire du Pontife), furent également fournies par Nagant sous commande des comités beige et autrichien ou bien réglées directement par Rome ;
-267 mousqueton d'artillerie (matricule précédée par MA), enfin, furent Nagant pour compte des comités français.
Ces chiffres concernent toutefois les seules fournitures officielles, à savoir celles traitées par les comités ou payées par le Vatican. En effet, d'autres Remington furent offerts des particuliers français et belges, comme le démontre l'existence d'un exemplaire de mousqueton d'artillerie (MA 429 / Monsieur Nicou) dont le matricule dépasse de loin celle des 207 armes "officielles".
Quart aux caractéristiques techniques, les trois modèles mentionnés (tous de calibre 12,4 mm, avec canon comportant 5 rayures vers la droite) présentent les données suivantes :
• Fusil d'infanterie
(mêmes données pour les exemplaires belges et anglais)
longueur totale 1300 mm.
longueur du canon 880 mm.
longueur avec baïonnette 1880 mm.
longueur sans baïonnette 4080 mm.
Monture est en bois de noyer et comporte deux pièces. La crosse du fusil Remington-WR présente une plaque de couche plus inclinée que celle du Remington-Nagant.
Enfin, la petite histoire dans l'Histoire.
Après 1870, l'Armée Royale Italienne récupéra presque toutes ces armes, à l'exception de 150 fusils et 80 carabines de luxe qui restèrent au Vatican. Les italiens les mirent alors à l'essai auprès des "Bersaglieri" sans pour autant renoncer à adopter le Vetterli modèle 1870.
Cependant, semble bien qu'entre 1883 et 1888 le gouvernement italien réussisse à vendre 9.000 Remington pontificaux à Ménélik d'Éthiopie ! Ainsi, après tout, ce fut à Adua, en 1896, que ces Remington finirent par tirer sur les troupes italiennes… Une partie d'entre eux furent même récupérés par les italiens lors de la guerre de 1935!
Enfin, les 230 dernières armes du Vatican, quant à elles, restèrent en service encore quelques temps dans la Garde Palatine et dans la Garde Noble.
Référence :
32195