header

Veuglaire sur son affût France (trouvé dans la Dordogne), milieu du XVe siècle. vente publique : TENTATION° 3 Jeudi 22 mai 2025 - 18h Drouot - salle 9 : Giquello et associés

TENTATION° 3
Jeudi 22 mai 2025 - 18h
Drouot - salle 9


EXPOSITION
Mardi 20 et mercredi 21 mai de 11h à 18h
et jeudi 22 mai de 11h à 16h
Téléphone pendant l’exposition + 33(0) 1 48 00 20 09


GIQUELLO
Alexandre Giquello
Violette Stcherbatcheff

5, rue La Boétie - 75008 Paris
+33 (0)1 47 42 78 01 - info@giquello.net
o.v.v. agrément n°2002 389

CONTACT
Arthur Calcet
+33 (0)6 85 91 45 64
a.calcet@giquello.net

SPÉCIALISTE
Marina Viallon
EXPERT
Bertrand Malvaux, CNES

Estimation : 20.000 : 40.000 euros

LOT 4
Veuglaire sur son affût

France (trouvé dans la Dordogne), milieu du XVe siècle
Fer, bois, poudre à canon (probable)

Exceptionnel veuglaire en fer forgé, complet, encore fixé à son affût supérieur en bois. Ce veuglaire, pièce d’artillerie médiévale se chargeant par la culasse, est composé d’une très longue volée faite de deux demi-tubes soudés entre eux et maintenus par cinq cercles, un parement de bouche et une large tranche de culasse. À l’arrière de celle-ci est placée une boîte à poudre amovible à grande anse, percée d’une lumière au sommet pour la mise à feu et équipée à l’arrière d’une demi-bordure en excroissance pour se bloquer sous le coin de serrage. Aujourd’hui coincée dans le tube par la rouille, il est fort probable que l’intérieur de cette boîte conserve encore une grande partie de la poudre à canon dont elle était remplie. À l’avant de la volée, la tranche de bouche, gravée de lignes parallèles, est équipée d’un bouton de visée découpé en forme de flammes ou de fleur de lis, aligné à un large trou de visée placé sur le cercle central, lui-même encadré par deux cercles torsadés décoratifs. Les autres cercles intermédiaires sont simplement ornés de simples filets gravés. La ceinture de bouche est quant à elle ornée d’une suite de chevrons gravés assez grossièrement, que l’on retrouve aussi sur deux registres sur la plate-bande de culasse. Sur cette dernière, placé entre les chevrons de l’un des bandeaux décorés, un poinçon armorié a été frappé entre chaque chevron ornemental. On peut y distinguer un écu portant un chevron encadré par trois besants/tourteaux.
Le veuglaire lui-même est présenté reposant sur son affût supérieur d’origine, un madrier de chêne taillé en pointe vers l’arrière et s’arrêtant à une vingtaine de centimètres avant la bouche de la pièce. Le tube est fixé à l’affût à l’aide de trois larges bagues de fer maintenues par de gros clous aux têtes arrondies pour ceux du dessus, aplaties pour ceux des côtés. Pour les déplacements sur terre et les manoeuvres, cet affût supérieur était placé et articulé sur une autre pièce en bois à deux roues. La partie en pointe à l’arrière de la pièce supérieure conservée ici présente permettait, à l’aide d’une sorte de crémaillère, d’incliner plus ou moins le veuglaire par rapport à l’affût inférieur, et ainsi d’ajuster l’angle de tir.
À l’arrière du veuglaire, l’intégralité du système de maintien de la boîte à poudre est conservée. Cette dernière est encadrée par deux larges bandes de fer fixées au sommet de l’affût par des gros clous à tête ronde, ornées en partie des mêmes bandes de chevrons gravés que sur le veuglaire. Ces bandes sont renforcées perpendiculairement par une autre bague carrée clouée autour de l’affût à l’arrière de la boîte (ornée des mêmes chevrons sur la partie supérieure), et de deux attelles latérales un peu plus à l’avant (celle à sénestre est manquante). Entre la bague arrière et la boîte, est conservé en place le grand coin de serrage triangulaire en fer servant à maintenir la boîte bien calée contre le tube. Ce coin est percé d’un trou où passait une lanière reliée à l’affût pour éviter de le perdre, et ses deux extrémités conservent les déformations des coups de marteau servant à le coincer derrière la boîte et à l’en retirer après le tir. À l’arrière de ce dispositif, une large plaque évasée fixée par trois clous (un manquant) protège le bois de l’affût de la pression du coin de serrage lors des tirs.
Les armoiries poinçonnées sur l’affût, telles qu’elles nous apparaissent, ne sont malheureusement pas attribuables. Cependant, si l’on considère leur exécution assez grossière, il n’est pas impossible qu’elles puissent représenter ici une version simplifiée des armes de Jean Bureau, commis de l’artillerie de Charles VII pour la campagne de Guyenne auprès de son frère Gaspard, lui-même maître de l’artillerie (d’azur au chevron potencé contre-potencé d’or rempli de sable, accompagné de trois burettes/buires d’or). Les burettes ou buires étant des récipients à la panse très bombée, elles auraient pu en effet être ici réduites à ces trois cercles. Une association directe avec Jean Bureau correspondrait avec la présence du décor exceptionnellement développé de ce veuglaire, dont la possible fleur de lis du bouton de visée pourrait faire référence aux armes royales françaises.
C’est à ce jour le seul veuglaire de fer conservé avec une telle richesse ornementale, dont le motif des bandes décoratives semble également rappeler les chevrons des armoiries poinçonnées. Cette pièce, avec les lots 5 et 6 de cette présente vente, sont les seules pièces d’artillerie connues à avoir été trouvées au sein du « groupe de Castillon ».

H. totale 30 cm – L. totale 289 cm
L. du tube (avec la boîte) 206 cm – calibre 7 cm

Provenance :
- Collection privée française
- Transmis par succession en 1988

Assez bon état archéologique concernant les parties en fer, oxydation de surface assez stable sur l’ensemble malgré quelques fragilités par endroits. Volée trouée dans sa partie supérieure à l’avant. Bague à l’arrière du coin de serrage de la boîte un peu mobile dû au détachement des clous, et couramment maintenue par un fil de fer moderne. Le bois de l’affût, séché trop vite après sa sortie de la rivière, s’est fortement rétracté en causant de grandes crevasses et faisant sortir complètement certains clous. Il est aujourd’hui assez fragile. Certains accidents sur l’affût, notamment à l’avant et dans sa partie médiane, sont dus à la manipulation mécanique de la pièce lors de sa découverte.

NOTE :
Trois uniques veuglaires du groupe de Castillon.
Les veuglaires étaient des pièces d’artillerie de moyen calibre à volée relativement longue et lançant des boulets de pierre de petite dimension, employés de préférence en campagne ou contre le personnel des places fortes.
Afin d’augmenter la cadence de tir, les veuglaires avaient comme caractéristique d’avoir une chambre à poudre amovible, appelée boîte, que l’on fixait à l’arrière du tube. Chaque pièce avait ainsi plusieurs boîtes associées, afin de pouvoir enchaîner les chargements et ainsi augmenter leur cadence de tir. Montés sur des affûts à roues, les veuglaires, dont les calibres varient du plus petit au plus gros, sont des pièces très mobiles et deviennent ainsi sous Charles VII le premier type d’artillerie de campagne. Le développement d’un véritable train d’artillerie au sein de l’armée française est alors largement dû aux innovations et réformes administratives et techniques des frères Jean et Gaspard Bureau, à propos desquels les chroniqueurs du temps ne tarissent pas d’éloges, et qui dirigèrent l’artillerie royale lors de la campagne de Guyenne de 1453.
À Castillon, le 17 juillet 1453, ce furent ainsi, d’après les chroniques, près de 300 pièces d’artillerie (toutes tailles et types confondus), qui défendirent le camp fortifié des Français installé par Bureau. Responsable de nombreuses pertes humaines du côté anglais, cette artillerie fut l’élément-clé de la victoire française ce jour-là. Au milieu du XVe siècle, cette artillerie de moyen calibre est ainsi l’arme du moment, en particulier lors des batailles rangées. Associée à de nouvelles tactiques, elle remporte de nombreuses batailles face aux Anglais et précipite l’issue de la guerre de Cent Ans en faveur des Français.
Découvertes au fond de la Dordogne parmi les épées du fameux « groupe de Castillon », ces trois pièces pourraient être les seuls exemplaires conservés de l’artillerie royale de Charles VII, employée à Castillon et dans le reste de la campagne de reconquête de la Guyenne anglaise.

Illustrations publiées :
— Portrait de Jean Bureau, estampe de Jacques Grignon le Vieux, v. 1650
— Veuglaires, détail de Judith avec la tête d’Holopherne, Israhel von Mackenem, v. 1470-80
— Le siège de Bordeaux, Anciennes Chroniques d’Angleterre par Jean de Wavrin, Bnf ms Fr. 84
— La bataille de Castillon, Les vigiles de Charles VII par Martial d’Auvergne, Bnf ms Fr. 5054

HISTORIQUE :
Le « groupe de Castillon »
Au début des années 1970, une découverte fortuite lors d’un dragage de la Dordogne révèle un important ensemble d’armes du XVe siècle, en excellent état de conservation, provenant probablement d’une embarcation ayant sombré dans la rivière. Dispersé sur le marché au fil des années par ses découvreurs, le groupe était jusque-là uniquement connu pour son lot d’épées exceptionnel (probablement environ une centaine) et quelques dagues. La présente vente permet d’y rattacher désormais trois exceptionnelles pièces d’artillerie. À partir de diverses informations, parfois évasives et contradictoires, recueillies au fil des années, il avait été conclu que la découverte avait été faite aux environs immédiats de la ville de Castillon-la-Bataille.
La datation des épées et leur quantité avaient alors naturellement conduit les spécialistes à associer ces objets à la célèbre victoire française de 1453 qui mit fin à la guerre de Cent Ans. Peut-être s’agissait-il alors d’armes récupérées comme butin sur le champ de bataille ? Des informations plus récentes ont révélé cependant que les objets avaient en réalité été retrouvés bien plus en aval de la Dordogne, non loin du bec d’Ambès, pointe formée par la confluence avec la Garonne. Cette nouvelle donnée, ainsi que le rattachement au groupe des trois veuglaires présentés ici, apportent de nouveaux indices sur cet exceptionnel ensemble. Si leur association avec la bataille de Castillon est toujours une forte possibilité, leur présence non loin de l’embouchure de la Dordogne peut en revanche nous éclairer sur leur potentielle destination.
En effet, après sa victoire décisive sur les troupes anglo-gasconnes de John Talbot le 17 juillet 1453, l’armée de Charles VII continue sa progression vers l’aval de la Dordogne, reprenant les unes après les autres villes et forteresses qui leur opposent peu de résistance, afin de se diriger vers Bordeaux, capitale de la Guyenne et toujours en possession anglaise. Maîtrisant la Dordogne, Charles VII et ses troupes s’installent autour du château de Montferrand, sur la pointe d’Ambès, et assiègent Bordeaux dès le 13 août. Avec la reddition de la ville le 19 octobre suivant, la Guyenne redevient définitivement française et la guerre de Cent Ans prend fin. Les armes du « groupe de Castillon » auraient donc pu parfaitement constituer le chargement d’une embarcation de l’armée française, provenant de Castillon ou d’une des forteresses reprises en chemin, et devant livrer le camp de Charles VII s’apprêtant à assiéger Bordeaux. Elles représentent dans tous les cas des témoignages historiques et techniques exceptionnels des arts militaires en France au milieu du XVe siècle.
Référence : Giquello et associés
Certificat
Prochaine mise à jour vendredi 16 mai à 13H30
POUR TOUT ACHAT, PAIEMENT EN PLUSIEURS CHÈQUES POSSIBLE

bertrand.malvaux@wanadoo.fr 06 07 75 74 63

FRAIS DE PORT
Les frais de port ne sont calculés qu'une seule fois par commande pour un ou plusieurs objets, les envois sont tous recommandés, car c'est le seul moyen d'avoir une preuve de l'envoi et de la réception. Pour les colis dont la valeur ne peut être assurée par la Poste, les envois sont confiés à la société DHL ou Fedex avec valeur réelle assurée, le service est de qualité mais le coût est plus élevé.


DROIT DE RETOUR
Les objets peuvent être retournés dans un délai de 8 jours après leur réception. Il faut les retourner en recommandé aux frais de l'expéditeur, dans leur emballage d'origine, et dans leur état d'origine,


AUTHENTICITÉ
La sélection des objets proposés sur ce site me permet de garantir l'authenticité de chacune des pièces qui y sont décrites, tous les objets proposés sont garantis d'époque et authentiques, sauf avis contraire ou restriction dans la description.
Un certificat d'authenticité de l'objet reprenant la description publiée sur le site, l'époque, le prix de vente, accompagné d'une ou plusieurs photographies en couleurs est communiqué automatiquement pour tout objet dont le prix est supérieur à 130 euros. En dessous de ce prix chaque certificat est facturé 5 euros.
Seuls les objets vendus par mes soins font l'objet d'un certificat d'authenticité, je ne fais aucun rapport d'expertise pour les objets vendus par des tiers (confrères ou collectionneurs).