Siège de la Ville d'Almeida. LETTRE DU SOLDAT ANTOINE ARCHIAS, sergent, au camp d'Almeida le 23 août 1810, À SON PÈRE demeurant à Apt (Vaucluse).

Siège de la ville d'Almeida. LETTRE DU SOLDAT ANTOINE ARCHIAS, sergent, au camp d'Almeida le 23 août 1810, À SON PÈRE demeurant à Apt (Vaucluse). 18857-9

Marque postale militaire rouge « N° 2 ARM. DE PORTUGAL ». Reste de cachet de cire rouge.
Lettre du soldat Ant. Archias à son père. Adresse « Monsieur / Monsieur Archias maire de la ville D'Apt 4ème arrondissement du départit de Vaucluse / A Apt » « en provence ».
Datée « Au Camp devant Almeda le 23 août. (Almeida ville forte du Portugal)
Annotation : « Almeda 23 août 1810. Antoine. Reçu le 26 7bre. R(répondu) le 2 8bre ».

Le sergent Antoine Archias accuse réception de la lettre de son père du 20 juillet précédent. Il décrit ensuite la situation à Almeida, lui est hors du Siège de la ville, dans une petite ville, et il y souffre moins que ses camarades. Il dit avoir retrouvé la santé après avoir souffert des chaleurs et de la fatigue.

« Je reçois à l'instant, mon cher et tendre père, votre lettre du 20 juillet dernier. Si l'homme peut invoquer le ciel pour qu'il comble de ses faveurs un bon père ? Ah ! sans doute quels voeux ne dois-je pas faire moi même ? [...]
Depuis le 24 juillet nous sommes au siège de la ville d'Alméda, mais, grâce à dieu, quelques jours après l'on me détacha dans un village avec un officier, pour faire faire du pain pour le Régiment et j'y suis encore. Il est même probable quel'y resterai. jusqu'à ce que l'armée fasse un mouvement. Vous voulez par là que je suis bien loin de souffrir autant que mes camarades au Siège, soit par la faim, soit par les travaux, et que par conséquent je puis me passer d'argent jusqu'à nouvel ordre.
Ma maladie a été les suites des grandes chaleurs et des fatigues et des souffrances que j'ai endurées, mais comme il faut que mon corps s'accoutume à tout, je n'ai pas quitté pour cela la Comp. (compagnie) et moyennant un peu de tisane d'orge et un peu de diète, je suis parvenu à faire en aller ma fièvre, car c'étoit la fièvre tierce que j'avois.
Quoique je sois détaché du régiment, ne changez pas pour cela mon adresse, parce que, comme nous avons des correspondances très fréquentes avec le Régiment, l'on nous fait passer nos lettres ou autres choses qui peut nous appartenir, et si jamais vous changiez mon adresse vos lettres se perdraient, et jugez ensuite de ma douleur, ne recevant plus de vos nouvelles.
Adieu mon bon et tendre père. Croyez-moi toujours dans les mêmes sentiments.
Signé : Ant. Archias Sergt.
Embrassez ma bonne maman, tous mes frères et soeurs et donnez-moi sous peu des nouvelles de mon frère l'aîné. »

Feuillet double. 2 pages 1/2. H 20 cm x 14,5 cm.
Bon état, pliures, petits trous de vers (hors texte).


HISTORIQUE :
Le siège d'Almeida a lieu du 25 juillet au 27 août 1810 durant la guerre d'indépendance espagnole. La garnison anglo-portugaise d'Almeida, sous les ordres du colonel (brigadier general) William Cox, est assiégée par les unités françaises du VIe corps d'armée commandé par le maréchal Michel Ney. Un coup chanceux de l'artillerie française fait exploser le dépôt de munitions de la forteresse, affaiblissant sérieusement les défenses de la ville. Devant les réactions hostiles de certains officiers portugais, Cox décide de capituler. La place est livrée aux Français le 28 août.