Grande Armée. LETTRE AUTOGRAPHE DU SOLDAT BAUCHE, chasseur à cheval 7è Compagnie de la Garde Impériale, À SON PÈRE (demeurant à Lardy), Gros Falkenau le 20 avril 1807. 18855-21
Avec adresse « A Monsieur / Monsieur Bauche, Marchand a l'ardy / près et par Etréchy route d'Orléans département de Seine et Oise /A Lardy / A Etrechy. »
Tampon postal « N° ?6 GRANDE ARMÉE ».
Belle descriptive de la bataille du 8 février 1807.
« Gros Falkenau le 20 avril 1807 ».
« Mon cher papa,
Vous me demandez le résultat de la bataille de preussisch Eylau qui a eut lieu le 8 février. Il en est peu qui ont été aussi sanglante, Marengo, Ulm, Austerlitz, Iéna ne sont rien. Je puis vous en parler que par entendre dire, attendu que je n'ai point eu l'honneur à y assister puisque comme je vous l'ai marqué j'étais déjà blessé. Aussi cette chute me fait grand tort elle me prive du grade de fourrier et d'un appui puissant. Mon colonel qui venait d'être nommé général et qui était mon protecteur y a été tué. L'attaque commença au point du jour par une décharge de leur artillerie dirigée sur le logement de notre Empereur, plusieurs boulets sont tombés dans la cour, mais S.M. était déjà à cheval. L'ennemi fort de 90.000 hommes attaqua les français qui n'avaient à leur opposer que 35.000 combattants. On s'est battu tout le jour et la cavalerie de la Garde y a fait des merveilles particulièrement les chasseurs à cheval. Le régiment a chargé trois fois sur les nombreux bataillons de l'ennemi [..] Notre artillerie c'est à dire celle de la Garde a fait merveille [...]
Nous avons vu le prince Murat à la tête des chasseurs à cheval de la Garde les emmenant de la voix et du geste et nous disant "Allons mes amis S.M. nous voit Vive l'Empereur. Voilà ceux que nous devons écraser !" [...]
L'Empereur lui-même a couru les plus grands dangers. Mr le Gal. Corbineau sous-aide de camp a été tué à ses côtés et ce n'est qu'à la fin et aux plus instantes prières qu'il s'est un peu éloigné de l'effet du feu. Le résultat a été le champ de bataille que nous avons gagné. Le soir, le Mal Ney est arrivé avec son Corps d'armée et a tombé sur l'ennemi à la baïonnette, il a laissé la terre couverte de morts. S.M. après cette terrible journée a remangé l'armée en cantonnement et elle y est encore. Après l'affaire, le Mal Bessière est venu faire compliment au régiment sur sa bonne conduite [...]
Quant à l'avenir tout le mon l'ignore, le plus grand secret règne aux affaire. Rien ne transpire. On parle de rentrer en campagne, quand à moi je me suis fait une espèce de philosophie, rien ne m'effraie [...].
Signé BAUCHE Cheur. à cheval 7è Compie garde impériale à la grande armée. »
Feuillet double. H 20 cm x 17,5 cm. 3 pages d'écriture serrée.
Bon état, rousseurs, traces de pliures, déchirure à la pliure centrale.
HISTORIQUE :
La bataille d'Eylau a eu lieu les 7 et 8 février 1807 à Preußisch Eylau (de nos jours Bagrationovsk) dans le nord de la Prusse-Orientale (actuel oblast de Kaliningrad), entre les forces de l’Empire russe, soutenues par celles du royaume de Prusse, et l’Empire français. Ce dernier, à l'issue de la bataille, remporte ce qui s'avère être une victoire arrachée au prix de lourdes pertes.
Napoléon Ier reste maître du terrain mais n'obtient pas la victoire décisive qu’il attendait.
Référence :
18855-21