LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE CLAVEAUD (CLAVEAUX ?) DE LA GARDE IMPÉRIALE À SON PÈRE, Rueil 10 septembre 1811. 18855-18

LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE CLAVEAUD (CLAVEAUX ?) DE LA GARDE IMPÉRIALE À SON PÈRE, Rueil 10 septembre 1811. 18855-18

L'officier est originaire de Valence.
Longue lettre adressée à son père, donnant des détails intéressants sur la vie quotidienne des jeunes officiers en formation.
Adresse du destinataire « Monsieur Claveaud (Claveaux ?) Valence / Drôme ».

« Rueil le 10 septembre 1811.
Mon cher père,
Le régiment se trouve maintenant au complet, excepté les officiers (200 hommes par compagnie), on forme le 6ème régiment de tirailleurs et que nous instruisons, nous ne resterons pas à Rueil à cause du local, le général nous a dit aujourd'hui en passant la revue que nous irons dans quelques jours à Rouen. Je crains d'après ce qu'on nous a dit que nous ayons de la peine à nous y maintenir car tout y est très cher et nos appointements n'augmentent pas. L'aubergiste qui nous donne à manger a augmenté la pension de 58 et nous donnons 50 f. encore. La maison qu'il occupe est à la caserne il ne paie aucun loyer, ni les entrées du vin, que sera-ce à Rouen ? Nous avons fait nos plaintes au général, il a menacé notre homme de le mettre à la porte et il a bien tenté combien 30 f. était peu de chose pour l'entretien mais il a ajouté que presque toussons avions quelque chose de chez nous sans quoi il voit bien que nouante pouvions pas nous acheter la moindre chose. Enfin je t'avoue qu'il ne me reste que 3 F 10 pour passer tout mon mois, le moindre accident, la moindre chose, je serai obligé d'emprunter car je viens d'être malade pendant 7 jours et je suis bien aise que cette légère indisposition m'est donné l'occasion de me purger avant d'entrer en campagne, blanchissage, raccommodage, cage, le monde accident, une petite maladie surtout enlèvent bientôt vos 10 écus par mois, car sur 83 nous donnons 28 aux Invalides ...
J'aurai besoin d'un frac c'est-à-dire d'un habit que nous portons journellement car nous le quittons 1 ou 2 fois par an ; eh bien si j'étais obligé de compter sur mon mois, lorsque tout irait à ma fantaisie je mettrai 4 ou 5 f. de côté e cela arriverait tous les 5 ou 6 mois, et avant que j'ai 120 f. je crois que j'aurais le temps d'attendre quelques années ...
Parlons de mes petits avancements ; le colonel est content dont je menais la compagnie, il a témoigné son contentement aussi m'en a-t-il donné une preuve bien marquée, car une compagnie ayant les officiers malades ou éloignés, il m'en a donné le commandement depuis 3 semaines et je la garde encore quelques temps en me disant devant mes camarades, cette compagnie est bien mal (?) en sous-officiers, et les soldats ont été négligés, je vous la confie ...
Je passe pour l'officier le plus sévère du régiment et de cela j'en retiens des faits ...
Hier le colonel me fit appeler et me dit qu'il me nommait officier d'habillement et d'armement ...
J'irai voir si Mr De St Vallier * est de retour du pays, et rendrais aussi visite au général Campon (?). Comme il est permis aux officiers de la garde de se mettre en bourgeois, et qu'il ne manque qu'un habit et un chapeau rond, si tu as encore mon petit habit brun, je te prierai de me l'envoyer à l'adresse de M. Mariton, avec mes deux chemises que je ne vois pas, il me les fera passer ... ».

Feuillet double. 3 pages 1/3 d'une écriture dense.
H 23,5 cm x 17,5 cm.
Texte en bon état. Deux déchirures avec manques (un mot manquant dans le texte), mouillures et rousseurs, pliures.

* Jean-Denis-René de La Croix de Chevrières de Saint-Vallier (° 6 octobre 1756 - Clérieux † 13 mars 1824 - Valence), marquis de Chevrières, comte de Saint-Vallier et de l'Empire, baron de Serves et de Clérieux, est un militaire et un homme politique français des XVIII e et XIX e siècles.