LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE DU VÉLITE DESTRET, de la 1ère compagnie du Bataillon des Tirailleurs de la Garde Impériale, À SON FRÈRE, 10 décembre 1812. 18855-14
Document remarquable.
Entête imprimée avec belle vignette aux Armes Impériales « GARDE IMPÉRIALE / BATAILLON DE TIRAILLEURS » « BATAILLONS D'INSTRUCTION / 1ère COMPAGNIE ».
Avec adresse « A Monsieur / Monsieur Marieux Destret demeurant A St Paray / Dnt de lardeche » et marque postale à l'encre rouge « 73 FONTAINEBLEAU ».
Le Vélite Destret, 1ère Compagnie du Bataillon de Tirailleurs, écrit cette longue lettre à son frère. On y découvre l'état d'esprit du jeune soldat, mais aussi, en seconde partie de texte, l'évocation sans artifice de la vie quotidienne des Vélites.
Extrait :
« Fontainebleau le 10 décembre an 1812.
[...] J'ai vu aussi les appartements du château où l'Empereur fait sa résidence ... et que vraiment il n'y a rien de plus curieux à voir car d'une richesse et d'une magnificence que rien n'égale ; car on voit d'un côté des pendules, d'un autre côté des tableaux, qui sont d'une beauté que rien approche. Dans une salle on voit le trône de l'Empereur, dans une autre salle on voit des statues et enfin dans une autre salle on voit le lit d'honneur où l'Empereur couche. Et enfin je te dirais que je ne puis pas te faire une description assez exacte de tout ce que j'ai vu de beau car .... je ne pourrais pas en venir à bout .. Fontainebleau est une 1000 fois plus agréable que Valence et plus belle ... ».
Pour répondre à une question de son frère, il lui indique que c'est le Colonel Christiani * qui commande : « [...] il est le premier pour commander l'école et il est aussi Colonel de la Garde Impériale, ainsi que tous les capitaines, sergents-majors, sergents, caporaux et comme tu vois on ne peut pas donner le nom d'école dans laquelle je suis mais bien le nom de caserne car nous sommes traités comme des soldats. Nous faisons la cuisine nous même, nous couchons par deux, nous avons un pain de munition pour deux jours ce qui me faisait beaucoup de peine dans les commencement pour m'accoutumer à manger ce pain noir comme la cheminée, mais à présent que j'y suis accoutumé je le minerais bien en seul jour, nous ne faisons que deux repas par jour l'un à 10 heures et l'autre à 5 heures du soir. [...]. Ainsi tu dois voir que nous ne sommes pas très bien traités et que si je n'avais pas eu un peu d'argent pour aller boire un coup à la cantine et manger un petit morceau j'aurais bien eu de peine à m'accoutumer...
Tu embrasse bien papa et maman, tu leur diras que je porte très bien [...] ».
Feuillet double. 4 pages d'écriture, avec adresse du destinataire.
Belle écriture. H 23 cm x 18,4 cm.
Bon état, rousseurs, une déchirure avec manque en 4ème page.
* Charles-Joseph Christiani, né le 27 février 1772 à Strasbourg et mort le 6 avril 1840 à Montargis, dans le Loiret, est un général français de la Révolution et de l’Empire.
Il était alors Commandant de l'Ecole d'instruction des bataillons de Fusiliers-Sergents, Tirailleurs-Caporaux de la Garde à Fontainebleau.
HISTORIQUE :
Les vélites de la Garde impériale ont été créés par Napoléon Bonaparte à la fin du Consulat en vue de permettre à des volontaires de milieu aisé d'accéder rapidement au grade de sous-lieutenant. Il faut pour cela disposer de revenus annuels de 800 francs.
Référence :
18855-14